En 2009, un consortium de chercheurs français se lance un pari audacieux : injecter de la technologie de pointe au cœur de la botanique, jusque-là domaine réservé à quelques initiés. Soutenus par des institutions publiques et appuyés par l’effort coordonné de laboratoires, d’universités et de réseaux naturalistes, ils entraînent dans leur sillage des milliers de contributeurs passionnés.La force du projet ? Une technologie de reconnaissance d’images couplée à une base de données ouverte, enrichie quotidiennement par ses utilisateurs. Cette démarche collective a permis d’offrir au public une capacité d’identification végétale jusque-là réservée aux spécialistes, tout en apportant à la recherche scientifique une mine d’observations inédites sur la flore vivante.
Plan de l'article
Pl@ntNet : une aventure scientifique née à Montpellier
Derrière Plantnet, le moteur était simple : rendre la botanique vivante, moderne, partagée. À Montpellier, dès 2009, Pierre Bonnet et Alexis Joly dessinent les contours d’un outil qui va changer la façon dont le grand public se connecte à la nature. Leur démarche s’appuie sur une effervescence académique rare où chercheurs, informaticiens et associations croisent leurs efforts, portés par de grands instituts et une fondation active.
L’étincelle, tout se joue dans un laboratoire montpelliérain : botanistes et développeurs unissent leurs savoirs, misant sur la force du collectif et l’élan de la science participative. Dès le début, ils saisissent l’ampleur du défi : combiner rigueur scientifique et accessibilité, pour ouvrir le champ à celles et ceux qui veulent comprendre le monde végétal qui les entoure.
2019 marque un temps fort : le projet est récompensé par un prix de l’innovation qui consacre dix ans d’expérimentations, de partages et de passion. Aujourd’hui, Plantnet est reconnu comme une référence, résultat d’une collaboration internationale féconde liant recherche, sciences agronomiques et transfert de connaissances.
Trois points permettent de comprendre ce qui rend Plantnet unique :
- Montpellier, point de départ et laboratoire d’idées foisonnant
- Un maillage exceptionnel d’acteurs et d’institutions qui partagent une même vision
- La volonté d’ouvrir l’identification des plantes à tous grâce à la synergie entre technologie et élan citoyen
À quoi sert vraiment l’application et comment fonctionne-t-elle ?
Plantnet transforme le téléphone en loupe botanique. Ce n’est pas juste une application qui reconnaît des plantes : c’est tout un écosystème numérique, basé sur la reconnaissance visuelle et une base de données évolutive qui ne dort jamais. Prendre une photo d’une feuille, d’une fleur ou d’un fruit, c’est tout ce qu’il faut : aussitôt, l’image est comparée à un catalogue incroyablement vaste de dizaines de milliers d’espèces.
Ce système, soutenu par l’intelligence artificielle, délivre rapidement une liste d’espèces possibles, appuyées par des fiches claires, précises, et enrichies au fil du temps par des amateurs comme des scientifiques. Plus les utilisateurs partagent d’observations, plus la base s’affine, rendant la reconnaissance végétale toujours plus fiable et pertinente selon les régions et saisons.
Simple d’accès, disponible sur toutes les grandes plateformes, Plantnet ne réclame ni inscription obligatoire, ni connexion permanente. Les données, traitées en toute discrétion, alimentent la recherche et la connaissance sur la biodiversité. Difficile de trouver meilleure manière de redécouvrir les plantes de proximité, de repérer des espèces rares, ou encore d’apprendre au détour d’une balade ce qui se cache derrière un feuillage méconnu.
Concrètement, l’application propose trois axes majeurs :
- Identification rapide par photographie, accessible dès la première utilisation
- Base d’observations partagée et constamment renouvelée
- Outil aussi bien destiné à l’apprentissage qu’au regard scientifique
Découvrir la nature autrement : usages, astuces et bénéfices au quotidien
Grâce à Plantnet, la science participative n’est plus un concept réservé à quelques spécialistes mais devient accessible à l’ensemble des curieux de nature, promeneurs, jardiniers et explorateurs en herbe. En France, au Canada, partout où l’on s’attarde sur une haie ou au bord d’un sentier, des milliers de personnes enrichissent une base vivante, nourrie d’observations et de projets ciblés. Photographier une fougère sur un sentier, ou une fleur surgie d’un trottoir, c’est déjà poser une pierre dans l’édifice collectif, c’est comprendre l’étendue des territoires et parfois mettre au jour des usages oubliés ou des propriétés inattendues.
Plantnet propose également des projets thématiques qui ouvrent des portes insoupçonnées. Rejoindre l’inventaire d’un marais, se greffer à une communauté dédiée aux plantes médicinales ou documenter la flore d’un quartier sont autant de parcours possibles. Cette dynamique, alliance d’exigence scientifique et d’accessibilité, fait de Plantnet le cœur battant de la science citoyenne : chacun apprend, transmet, échange et pousse les connaissances vers de nouveaux horizons.
Pour tirer le meilleur parti de l’application, quelques conseils éprouvés méritent d’être suivis : modifier les angles de prise de vue, profiter d’une bonne lumière, immortaliser les différentes parties de la plante… À chaque étape, l’utilisateur trouve des indications claires, obtenant des résultats robustes et utiles à tous.
Retenons quelques usages et apports concrets :
- Participer à la cartographie de son territoire, ou à des projets par thème
- Contribuer à la veille active sur la richesse et les évolutions de la biodiversité
- Développer pas à pas une culture botanique personnelle et vivante
Progressivement, le regard s’enrichit : observer devient réflexe, reconnaître une habitude, partager une évidence. L’expérience ne se limite pas à une interaction écran mais tisse des liens, nourrit la curiosité commune et invite à la transmission.
Pl@ntNet, un coup de pouce pour la biodiversité et la science citoyenne
À Montpellier, Plantnet a bouleversé la documentation collective du vivant. Chacun peut aujourd’hui prendre part à la cartographie des plantes, suivre leur évolution saisonnière et documenter de manière très concrète les effets du réchauffement climatique. Les photographies géolocalisées expédiées via l’application enrichissent, à grande échelle, les principales bases internationales de connaissance sur la biodiversité.
L’architecture du projet, avec l’appui des institutions et des chercheurs, constitue un réservoir de données essentiel pour la gestion des milieux naturels et l’éducation à l’environnement. Chercheurs comme collectivités locales tirent parti de ces ressources pour ajuster les politiques de protection ou anticiper les risques pour la flore. Sur un autre plan, la plateforme facilite la diffusion des pratiques agro-écologiques : l’identification d’espèces, qu’elles soient indigènes ou exotiques, gagne ainsi en rapidité et en fiabilité.
Ces effets concrets se traduisent de plusieurs façons :
- Alimentation de bases internationales sur la répartition des espèces
- Suivi de l’évolution des cycles végétaux face aux changements climatiques
- Aide à la gestion raisonnée des milieux naturels et des zones protégées
- Support pédagogique pour éveiller, petits et grands, à la diversité des plantes
Avec Plantnet, la science citoyenne sort du laboratoire, descend sur le terrain et devient un levier d’action pour toutes les générations. Un geste, une photo, et c’est tout un pan de notre patrimoine naturel qui s’inscrit dans une dynamique collective. Le plus saisissant : une simple balade, et c’est déjà la nature qui entre dans le grand récit partagé de la connaissance.